Étoile de Feu dressa les oreilles, aux aguets. Ombre silencieuse, il passa à travers les roseaux. Ses yeux s’accommodaient à l’obscurité. Il se figea, un craquement se faisait entendre. Il se retourna et huma l’air. Rien. Il devait se détendre. Ses yeux verts percèrent l’obscurité, vérifiant que la voie était libre. Il passa finalement l’entrée du camp, le plus discrètement possible. Il soupira lorsqu’il fut à une distance raisonnable du camp. Décidemment, sortir de son propre camp incognito c’était plus difficile que prévue. Mais quel idée de s’amuser à batifoler avec la chef d’un autre clan ? Surtout que lui aussi était chef. C’était parfaitement impensable, stupide et dangereux. Si jamais ils mettaient en danger leurs clans ? Ce n’était pas digne de lui, il trahissait son clan après tout. Ce n’est pas le comportement d’un chef. Cette histoire allait ce terminée, non mais vraiment ! Qu’est ce qui lui passait par la tête ? Il enfonça ses griffes dans le sol. Il devait arrêter de se voiler la face... Il aimait Étoile de Suie, de tout son cœur. Il avait passé la journée à penser à sa douce fourrure grise, son regard pétillant...
Son cœur fit un bond en repassant aux moments passés avec elle. Inconsciemment, il accéléra l’allure. Il avait l’impression qu’un fil invisible les relier. Il se mit à courir. Étoile de Feu ne pensait qu’aux retrouvailles. Il prit la direction des collines, lieu de rendez-vous des deux chefs. Son pelage roux et blanc paraissait aussi lumineux que celui du Clan des Étoiles grâce à la lune. Il se demanda si c’était là l’accord de ses ancêtres. Il frissonna en se rappelant que ce qu’il faisait était contre les règles. Pourtant, la lune brillante d’un blanc éclatant, sans un seul nuage gris venu recouvrir sa joie manifeste, n’était-elle pas un présage ? Il se surprit à le souhaiter de tout son cœur. Il se stoppa, il était arrivé à la limite de ses frontières. La tâche se compliquait, pour accéder aux collines ils allaient devoir passer par le Clan de l’Ombre. Il baissa la queue et posa sa patte blanche sur le territoire du Clan de l’Ombre, honteux.
Il parcourra les alentours du regard, s’attendant à ce que des chats du Clan de l’Ombre surgissent. Il s’abaissait tellement que son ventre frôlait le sol. Tel une ombre se glissant furtivement dans la nuit, il trottina, se fondant dans le paysage. Il entendit un craquement et se figea de nouveau. Son ventre se noua, il se cacha dans un buisson, immobile. Ses yeux scrutèrent l’obscurité. Un battement d’elle le fit sursauter. Ce n’était qu’un hibou. Il pesta et se releva. Sa fourrure était maintenant salit. Il soupira. Il s’était donné un temps fou à ce faire beau pour la jolie femelle qui l’attendait. L’odeur de sa peur flottait dans l’air, il était ridicule. Il espéra de tout cœur que le Clan de l’Ombre, le lendemain, ne la décèle pas. Il accéléra l’allure, pressé de sortir de ce territoire ennemi. Il ne connaissait pas très bien le territoire, mais il repérait la direction des collines. Il ne devait plus trop être loin de la lisière de forêt. Il pensa à Étoile de Suie qui l’attendait. Ses mauvaises pensées s’envolèrent et il rêva de la jeune chatte. Ses pattes l’emmenaient vers les collines, comme si elles aussi avaient compris le lien unique qui liait les deux félins. Tout allait pour le mieux. Enfin, c’est ce qu’il croyait. Il le réalisa très vite, lorsqu’une masse rousse fonça sur lui et l’envoya contre un pin.
Assomé, Étoile de Feu cligna des yeux, tentant de comprendre ce qui s’était passé. Sa tête lui tournait, dut à l’impact. Il avait baissé sa garde, plongé dans ses pensées, et voilà sa récompense. Il voyait un peu flou. Il attendit quelques secondes. Le choc passé, une douleur aiguë à la patte le fit gémir. Elle devait être foulée. Il cracha et essaya de se mettre debout. Il tenait sur trois pattes, la patte blessait en l’air. Il pesta. Étoile de Feu releva la tête, et pris conscience de son adversaire. Bien, très intelligent de jouer au joli cœur. Il était maintenant blessé, seul, sur un territoire ennemi, avec comme ennemi... un renard. Les yeux sournois du renard fixé le matou avec... gourmandise ? L’odeur du chef avait surement dût l’alerté. Étoile de Feu plissa les yeux et se mit à réfléchir à vive allure. Il ne savait pas s’il pouvait battre un renard tout seul, en pleine nuit. Blessé, qui plus est. Le renard agita la queue. L’intention d’Étoile de Feu se reporta sur son adversaire. Le renard fit un pas en avant, Étoile de Feu déglutit.